Signalisation.ch SA - Philippe Theler
« Ma fierté, c’est de tout construire ici et d’exporter notre savoir-faire valaisan ! »
Vous avez moins de 40 ans, vous n’êtes pas du métier. Comment avez-vous été accueilli par l’équipe en place ?
Avant de décider quoi que ce soit, j’ai pris le temps d’écouter et d’apprendre. Je ne viens en effet pas de ce milieu. Pour devenir un bon entrepreneur, j’ai dû entièrement me reposer sur l’expérience des collaborateurs, dont beaucoup travaillent ici depuis plus de dix ans. On m’a très bien accueilli, peut-être justement parce que je fais confiance et que je reconnais les compétences de chacun. De plus, j’accorde une grande importance à la qualité des relations humaines. J’ai moi-même souffert d’avoir été considéré comme un numéro en travaillant pour de grandes boîtes et c’est exactement ce que je ne veux pas reproduire en tant que patron.
Philippe Theler a repris l’entreprise Signalisation.ch de Martigny il y a deux ans avec son frère Nicolas. Il a rapidement investi pour étoffer les prestations, créer de nouveaux emplois et digitaliser les processus.
Quelle est la première chose que vous avez-vous mise en place en arrivant chez Signalisation.ch ?
Un savoir-faire local ! Auparavant, cette entreprise achetait les matériaux à l’étranger avant de les transformer ici. J’ai décidé d’investir dans une serrurerie, afin de pouvoir fabriquer des panneaux de A à Z sur place. C’est ma grande fierté d’entrepreneur, de pouvoir tout construire dans nos locaux de Martigny, avec des gens de la région, et d’exporter notre savoir-faire valaisan dans toute la Suisse. En deux ans, une dizaine d’emplois supplémentaires ont été créés et nous avons une quasi-parité hommes-femmes, ce qui est rare dans ce milieu.
En tant qu’informaticien et connaisseur des nouvelles technologies, vous avez également modernisé les machines et les processus. Pour quels bénéfices ?
L’acquisition d’un nouveau centre d’impression ultraperformant nous fait gagner en temps et en efficacité, mais il a fallu revoir nos façons de faire. Par exemple, les personnes spécialisées en sérigraphie traditionnelle ont relevé le défi de se former dans cette technologie, et elles ont franchi le pas avec succès! J’ai également souhaité digitaliser tous les serveurs et processus, ce qui nous a permis de rester opérationnels pendant la crise du Covid. Désormais, tous les collaborateurs peuvent travailler depuis la maison en cas de besoin.
A quoi ressemble le monde de la signalisation ?
Il est extrêmement normé. Nous devons obéir à des consignes très strictes, qui dépendent d’ordonnances et de lois. Notre seule marge de manœuvre consiste à trouver les meilleures solutions de pose avec notre ingénieur en circulation et de proposer des uniformisations de panneaux dès que c’est possible. Dans «la forêt de panneaux» qui pousse le long de nos routes, l’œil de l’automobiliste doit pouvoir continuer à s’y retrouver, c’est un enjeu de sécurité routière.
Comment voyez-vous la suite de l’aventure ?
Nous sommes la seule entreprise à faire de la signalisation en Valais. Ma priorité, c’est de pérenniser ce savoir-faire et de le maintenir ici, pour longtemps. Je souhaite un jour léguer cette entreprise à mes enfants.
Chez Signalisation.ch, le patron et son équipe de vingt collaborateurs adorent le café. Ils en consomment près de 12 000 tasses par année.
Heureux d’être tombé « dans le panneau »
Philippe Theler est né dans une famille d’électriciens. Il a d’ailleurs suivi cette voie professionnelle avant d’opter pour le métier d’informaticien. Il a travaillé dans deux grands groupes électriques en Suisse romande, où il a occupé des postes à responsabilité.
En 2019, les fondateurs de Signalisation.ch l’approchent pour lui proposer de racheter la société. Un défi à la hauteur de ce passionné d’entrepreneuriat, qui n’a peur de rien lorsqu’il s’agit de foncer dans de nouveaux projets. Il s’associe à son frère Nicolas, qui dirige la partie technique. Au final, il se trouve très heureux d’être tombé « dans le panneau », un monde qu’il a réussi à apprivoiser, à moins que ce ne soit l’inverse…
Cet hyperactif enthousiaste a aussi réussi à se faire adopter par l’équipe aguerrie d’une société établie depuis 35 ans à Martigny. Avec son franc-parler et son caractère chaleureux, Philippe Theler sait provoquer le dialogue et accepter la remise en question. Une attitude appréciée puisque ses collaborateurs ont ajouté l’inscription « grand patron » au-dessus de la mention « grand café » qui orne sa tasse fétiche au bureau.